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> Faits Divers > En Saône-et-Loire
05/07/2024 13:15
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Région d'Autun : Persuadé qu’on lui a jeté un sort, il attaque l’auteur de cette « magie noire »

Le prévenu a 31 ans, les cheveux châtains, la barbe itou. Il est de taille moyenne mais la taille de ses mains frappe, comme elles ont frappé, armées d’une machette, un couple qui dormait, à Auxy, le 1er juillet.
Rassurez-vous, le prévenu n’a pas attaqué des personnes au hasard, non. Il les connaissait et avait un grief « de type querelle amoureuse » dira le procureur, contre eux. En réalité, le grief semble plus sombre que ça : le prévenu est persuadé qu’un homme lui a jeté des sorts en usant de « magie noire ».
Le mot « persuadé » est du reste insuffisant à décrire comment cette conviction le hante, l’habite, lui fait ressentir des choses, jusqu’à la peur d’en mourir « dans les mois qui viennent ».

Gaz et machette dans la chambre à coucher
Le prévenu est entré dans la chambre du couple, les a gazés puis a porté des coups à l’homme « avec une arme de type machette » dit la présidente Catala. L’homme a 3 semaines d’ITT, la femme, elle, qu’on imagine terrorisée, a 1 mois d’ITT.
Il a « commis les faits pour être délivré d’un sort de magie noire »
Maître Leplomb demande une expertise psychiatrique. « Pendant la garde à vue, monsieur a expliqué avoir commis les faits pour être délivré d’un sort de magie noire jeté par monsieur X. Sort qui a un effet sur sa santé. Monsieur X lui a bien dit avoir jeté des sorts, et mon client y a cru. Il voulait que monsieur X retire ce sort car cela affecte sa santé au point qu’il pense en décéder dans les mois qui viennent. »
Le prévenu a une demande à faire au tribunal : que les juges ordonnent l’exploitation des téléphones des victimes, « pour déterminer s’ils ont jeté des sorts à d’autres personnes ».

« Les faits sont d’une gravité particulière »
Le vice-procureur reste froid : d’abord l’état du prévenu fut jugé compatible avec la garde à vue, et « seule ce qui concerne une magie noire est un peu irrationnel ». Il demande le maintien en détention provisoire du prévenu car le différend qui l’oppose à monsieur X, persiste, d’autre part « le caractère irrationnel de ses explications » fait craindre une réitération, enfin, le prévenu n’a ni emploi ni famille. « Les faits sont d’une gravité particulière. »
Maître Leplomb tempère l’absence de famille : « Il vit en couple, il n’est pas seul. » Sur le risque de réitération : « Il a l’espoir que cette audience fasse toute la lumière sur cette histoire de magie noire, donc il ne fera rien en attendant. »

« En six mois, j’ai vraiment perdu beaucoup de moi-même »
Le prévenu préférerait évidemment être sous contrôle judiciaire, chez lui. Il se dit prêt « à porter un bracelet électronique ». A-t-il autre chose à ajouter ?
« En six mois, j’ai vraiment perdu beaucoup de moi-même, autant physiquement qu’émotionnellement. Je suis assez fatigué de cette histoire. J’aimerais réellement qu’il y ait une expertise des téléphones pour savoir s’ils ont fait quelque chose vraiment. Car je sens des séquelles sur moi (il pose sa grande main sur son torse). Pour moi et pour ma femme, ça serait important (sa voix est étranglée par l’émotion). Et même si c’est moi qui suis sur le banc des accusés… Voilà. »
Affecté par le rejet de sa demande d’exploitation des téléphones
Le tribunal ordonne une expertise psychiatrique, renvoie le jugement en août, ordonne le maintien en détention du prévenu, rejette sa demande d’expertise du téléphone de monsieur X.
Seule cette dernière information suscite un mouvement de réaction de la part du prévenu. Il en est affecté. Sur le reste il offrait un visage impassible. Comme quoi il est vraiment paniqué : les mots ont une puissance qu’on ne soupçonne pas.
FSA